Assemblé Générale Fondation Mamadou Dia

La Fondation Mamadou Dia pour l’économie humaine, en gestation depuis cinq ans, a organisé, samedi 2 Juillet 2022, à l’École supérieure d’économie appliquée (Esea), son assemblée générale constitutive marquant le lancement de ses activités.

Cette initiative, a expliqué son Directeur général, Dr Pape Sène, est portée par des amis du Président Mamadou Dia, tels que Moustapha Niasse et Rolland Collin, des universitaires, des professionnels de la communication, de simples citoyens, etc.

Cette cérémonie a été l’occasion pour la kyrielle d’invités d’aborder les dimensions humaine et économique de l’homme.

Pour l’acteur politique, fondateur de l’Alliance des forces pour le progrès (Afp) et Président sortant de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, Mamadou Dia est un homme d’État sénégalais dont le parcours exceptionnel a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire de notre pays et à l’extérieur.

« Lorsqu’il a été arrêté (par Senghor après les évènements de 1962), le Président Houphouët-Boigny, de la Côte d’Ivoire, a dit que le meilleur d’entre nous a été arrêté », a rappelé Moustapha Niasse.

À l’en croire, le « Maodo », comme on surnommait Mamadou Dia, a accepté son destin et son emprisonnement, non pas comme une pénitence, mais comme une retraite presque monastique, religieuse, pour rencontrer Dieu et le Prophète Mohamed (Psl).

Abordant la dimension économique de l’ancien Président du Conseil, Moustapha Niasse a estimé que l’Esea (ex-Enea) est le symbole de son attachement aux communautés de base qui sont les fondements du développement autocentré et de l’autogestion qu’il avait appris auprès de son ami Tito (le Maréchal Tito qui a dirigé l’ex-Yougoslavie de 1953 à 1980).

« Il prônait une politique de développement autocentrée, qui s’éloigne du modèle de développement exogène et de l’économie de traite qui a appauvri les pays africains, parce qu’il a été simplement question de nous imposer le développement fondé sur des réalités qui n’étaient pas les nôtres », a déclaré M. Niasse, par ailleurs vice-président de la Fondation.

Pour le Professeur Moustapha Kassé, Doyen honoraire de la Faculté des Sciences économiques et de gestion (Faseg), Mamadou Dia fait partie de ses sources préférées dans la rédaction d’ouvrages.

« J’ai écrit au moins une quinzaine d’ouvrages, mais je ne me souviens pas ne pas l’avoir cité dans une production. Il était doté d’une grande vision, de grandes ambitions et de grandes prétentions pour notre pays », a témoigné M. Kassé. À ses yeux, Mamadou Dia avait une vision claire du développement.

« Quand nous interrogeons les politiques sectorielles qui ont été appliquées jusqu’à aujourd’hui, celles qui dominent, c’est-à-dire la politique agricole et la politique industrielle, nous nous rendons compte que Mamadou Dia était bien en avance sur les deux par rapport à nos conceptions. Il était convaincu que l’agriculture devait être le moteur. Et il mettait tout en action pour que l’économie agricole soit dominante. Ce, partant de la formation des hommes, l’implication des acteurs et la diversification des productions », a mentionné l’économiste.

Pour lui, cet homme a très tôt saisi les enjeux de la souveraineté alimentaire, de l’industrialisation et des transformations structurelles.

« Mamadou Dia a introduit la notion de souveraineté alimentaire en appelant à nous nourrir par nous-mêmes au lieu de dépendre toujours de l’extérieur. Mamadou Dia n’a jamais renoncé au concept de planification. Et quand on planifie, c’est fini les improvisations et les confiances aveugles aux marchés », a ajouté le Pr Kassé.

En matière de politique industrielle, a-t-il renchéri, « si nous avions appliqué le schéma qu’il avait proposé, aujourd’hui, nous pourrions être un pays industrialisé parce que la structure était claire, les moyens et les acteurs étaient là. Il avait un sens aigu des transformations structurelles. Il était un socialiste autogestionnaire », a souligné Moustapha Kassé.